Thématiques et projets de recherche

 

Politique scientifique de l'EUR HEALTHY

La compréhension et l’analyse de la santé évoluent désormais dans des écosystèmes complexes multifactoriels non plus exclusivement centrés sur les soins, notamment les soins techniques médicaux. La vision holistique de la personne, son histoire familiale, ses expositions, ses comportements, ses événements de vie, son mode de vie, son environnement bénéficient désormais de nouvelles approches exploratoires qu’il est important de mobiliser. Sans que la causalité soit à chaque fois démontrée, il semble clair aujourd’hui que l’étude de la santé d’un individu et des populations auxquelles il appartient ne peut se satisfaire d’un seul point de vue aussi précis soit-il. 

Au sein de l’école universitaire de recherche HEALTHY, nous nous intéressons au continuum théorique allant de la promotion de la santé à la prévention, en passant par le diagnostic, les soins, l’accompagnement et le suivi. Il s’agit par ailleurs de porter une attention à l’analyse isolée et combinée des facteurs comportementaux et environnementaux, à l’identification des ruptures « santé » et de leurs mécanismes. 

L’enjeu est de proposer une vision plus intégrée des situations, de participer à améliorer les services en santé et à en développer de nouveaux, à mieux identifier et prendre en charge les situations complexes, à mieux accompagner les personnes dans leurs parcours de santé et de soins, intégrés à leur parcours de vie. 

L’EUR HEALTHY inscrit sa politique scientifique dans les objectifs du développement durable en l’articulant autour de 3 thématiques et d’un axe transversal.

Thématique 1 :
Risques, vulnérabilité, environnements et promotion de la santé 

L’objectif de cette thématique « Risques, vulnérabilité, environnements et promotion de la santé » au sein de l’EUR Healthy est de créer les conditions d’une synergie symbiotique transversale pluri et trans disciplinaire pour identifier, décrire, valider et diffuser des concepts, méthodes et outils plaçant l’humain dans des environnements de vie favorables à sa Santé aussi bien physique que social et psychologique.

Le risque est une probabilité. Selon cette probabilité, un événement ou une situation peut donc rarement ou fréquemment entraîner des conséquences positives ou négatives, plus ou moins graves ou bénéfiques, dans des conditions déterminées. En d’autres termes, le risque correspond à la possibilité qu’un effet s’actualise. Inné, acquis ou subi par l’environnement, il est construit, appris et varie ainsi en fonction des environnements socio-culturels et économiques et des caractéristiques propres des personnes. Son étude peut s’engager sous différents angles complémentaires. L’étude des facteurs intra et/ou interindividuels et/ou socio-économiques, linguistiques et culturels relèvent tout aussi bien des recherches bio-médicales que des sciences humaines et sociales. L’étude du risque se décline en différentes thématiques : étude de sa gestion, étude de sa perception ; étude de la prise de risque et de la recherche de sensations.

L’ambition principale de ces champs de recherche est très certainement de mieux comprendre les conditions d’émergences des risques notamment afin de mieux prévenir, diagnostiquer, accompagner et de promouvoir la santé et la qualité de vie. Ces recherches ont mis l’accent sur de multiples facteurs de risques parmi lesquels le sentiment de vulnérabilité a une place toute particulière. Le sentiment de vulnérabilité concerne sa propre santé, son avenir, en lien avec l’environnement, son style de vie, ses caractéristiques, son contexte d’insertion sociale. Il s’applique également aux groupes sociaux, à la société et à l’environnement. Les travaux issus de la prévention, notamment primaire, ont mis en évidence la nécessité d’un sentiment de vulnérabilité face aux risques, en vue de susciter le changement. Seul, ce sentiment ne sera pas suffisant mais il est nécessaire.

Par vulnérabilité, il faut également entendre le risque qu’un espace donné tende à « entrer » dans le corps, soit parce que cet espace possède une charge environnementale (air, eau, sols) particulièrement délétère pour la santé (pollution), soit parce que cet espace est habité par des populations sensibles (dites à risque : enfants, personnes âgées, précarité). Inversement, la charge d’un espace peut être positive s’il permet de maintenir (énergie conservative) un bon état de santé (walkability, parcours 4S, mobilité active). L’espace peut également être vecteur de risques pour la santé, qu’il s’agisse de l’espace de l’habitat, de son organisation dans la ville, ou de l’espace professionnel. Ces dimensions sont à prendre en compte dans une perspective intégrative de la santé avec des conséquences pour la santé physique et psychologique. Ces conséquences sont examinées à travers différents indicateurs de bien-être et de santé au sens large.

Selon la Charte d’Ottawa (1986), la promotion de la santé vise non seulement à renforcer les aptitudes et les capacités des personnes et à réduire les comportements à risque, mais aussi à agir sur les déterminants psychologiques, physiques, sociaux et économiques dans le but de favoriser la création d’environnements de vie qui soient favorables à la santé.

Dans la communauté scientifique, cette vision de la promotion de la santé se traduit par des modèles théoriques intégratifs et systémiques tels les modèles socio-écologiques (e.g., Sallis et al., 2015 pour une revue). Ces modèles de promotion de la santé comportent différents niveaux d'influence depuis les facteurs les plus proximaux (liés à l’individu) jusqu’aux facteurs les plus distaux (liés aux politiques publiques), en passant par les facteurs interpersonnels, les facteurs institutionnels et les facteurs sociaux économiques et culturels. Ces modèles considèrent ainsi que l'influence de l'environnement physique et social sur la santé et sur les comportements liés à la santé est cruciale. D’autres modèles, psycho-sociaux, mettent en évidence l’importance de l’intériorisation des attitudes, des normes sociales, des identités sociales, des relations inter-personnelles sur ces mêmes comportements.

Dans ce cadre, les actions de promotion de la santé appellent à un véritable changement dans la façon de concevoir et de mener les actions de santé publique. Ce changement repose, notamment, sur le développement de collaborations interprofessionnelles, inter-organisationnelles, interdisciplinaires et intersectorielles, où la combinaison des connaissances et des expériences de chacun peut conduire, sous certaines conditions, à des solutions innovantes pour résoudre les problèmes de santé publique complexes. 

Thématique 2 :
Motricité, cognition, comportement

Cette thématique s’intéresse à la motricité, la cognition, aux émotions, aux comportements et leurs interactions. Les activités de la vie quotidienne nécessitent généralement la réalisation conjointe d’une tâche cognitive et d’une tâche motrice. Si la cognition et la motricité sont encore fréquemment abordées comme deux entités distinctes, de nombreux travaux mettent en évidence leurs interrelations. La relation entre activité cognitive et motrice est circulaire. D’un côté, la pratique d’un exercice physique exerce une influence immédiate sur l’activité cérébrale et cognitive (e.g., amélioration des fonctions exécutives). D’un autre côté, l’activité cognitive a un impact bénéfique sur les performances motrices (e.g., la simulation motrice améliore la performance physique), et réciproquement, des problèmes au niveau cognitif peuvent impacter la motricité.

Dans de nombreuses pathologies, les troubles cognitifs et moteurs sont étroitement liés, et se manifestent conjointement dans les troubles du comportement et du langage, les troubles de la motivation et de la régulation émotionnelle. Motricité et cognition sont des composantes du schéma des comportements orientés vers un but. Ce schéma intègre d’autres composantes comme les émotions ou la motivation qui peuvent se manifester comme des troubles du comportement, (e.g., réduction globale du niveau d’activité motrice, désorganisation du comportement). L’étude des composantes des comportements orientés vers un but est un facteur commun aux individus au cours du processus de vieillissement (e.g., du plus jeune âge aux personnes âgées) mais également dans de nombreuses pathologies neuro-développementales et neuropsychiatriques (e.g., autisme, état de stress post traumatique, schizophrénie, dépression, maladie d’Alzheimer et pathologies associées).

L’objectif des travaux menés vise à mieux comprendre des fonctions comme la motricité, la cognition et les comportements et leurs interactions à partir d’une approche inter voire transdisciplinaire.

Différents objectifs complémentaires sont poursuivis dans le cadre de cette thématique et visent à : 

  • Étudier le phénomène d’interférence cognitivo-motrice. L’enjeu est de mieux comprendre les facteurs et les conditions d’interférence entre la motricité et la cognition afin de pouvoir améliorer par la suite les interventions pour des publics vulnérable ou sains (i.e., activités physique et/ou cognitive).
  • Développer des travaux innovants (e.g., biofeedback, neuro-imagerie, réalité virtuelle…) relatifs aux effets combinés d’actions motrices et cognitives pour tester l’influence de programmes de réhabilitation combinant des actions motrices et des sollicitations cognitives, que ces dernières soient volontaires ou induites par des stimuli externes (e.g., tDCS, facilitation sensorimotrice...).
  • Développer des méthodes non-invasives et basés sur les nouvelles technologies (jeux sérieux, réalité virtuelle, capteurs portés et environnementaux, rtDCS) pour améliorer l’évaluation et la prise en charge des troubles de la cognition, de la motricité, de la motivation et de l’interaction sociale de la naissance à la fin de vie.

Thématique 3 :
Parcours de vie et Physiopathologie

La physiopathologie étudie les mécanismes qui conduisent à des troubles pathologiques, de la simple agression moléculaire, jusqu’au développement des maladies. Cependant les maladies ne peuvent être comprises et soignées sans prendre en compte les nombreuses interactions entre l’ensemble de l’organisme et son environnement. En effet, les dérèglements en santé évoluent par étapes selon une résultante où se mêle en proportion variable les caractéristiques de l’individu (typiquement génétiques) ainsi que/et des facteurs associés au parcours de vie.
Cet axe a pour mission d’étudier les mécanismes de réponse de l’individu confronté dans son parcours de vie à des environnements et des facteurs de stress psychique et biologique. Il s’appuie principalement sur de la recherche clinique et sociologique et sur des approches de recherche translationnelle en santé. 

Les objectifs sont divers, mais on peut citer notamment : 

  • Faire progresser la connaissance fondamentale des mécanismes physiopathologiques à l’origine des dérèglements en santé.
  • Améliorer la connaissance des facteurs de risque en santé et de la physiopathologie pour favoriser le développement d’une médecine prédictive individualisée et le meilleur ciblage des messages de prévention adressés aux populations.
  • Identifier des biomarqueurs pertinents considérés comme des marqueurs prédictifs et des cibles thérapeutiques.

Thématique transversale :
Santé numérique au service de la santé tout au long du parcours de vie

L’utilisation de la E-santé comme instrument d’évaluation, d’éducation et de prise en soins est considérée comme un élément transversal aux thématiques de l'EUR. Il doit permettre aux partenaires de l’EUR de partager des méthodes et des moyens (par exemple à travers l’utilisation des plateformes ou des outils technologiques développés) et expertises. 

Cet axe transversal se situe en cohérence avec les éléments du rapport sur l’intelligence artificielle (France IA, 2018). Dans le domaine médical, il vise en particulier à faciliter la réorganisation des pratiques médicales de la naissance à la fin de vie pour proposer un véritable continuum d’interventions allant de la promotion de la santé et la prévention jusqu’à la réadaptation. En effet, les nouvelles technologies permettent le suivi contextualisé et en temps réel du patient et contribue à une médecine personnalisée et prédictive. Dans le cadre de l’EUR cet axe transversal a pour objectif de rendre lisibles les recherches des trois thématiques qui ont recours aux technologies du numérique comme vecteurs d’évaluation, de promotion ou de soin.
Cet axe de l’EUR HEALTHY facilite la mise en place et la réalisation des projets de chaque thématique et de chaque partenaire mais aussi contribue à la construction d’objectifs communs.
En pratique, la transversalité se manifeste notamment au niveau de la collaboration technique, la collaboration humaine et la mise en place d’études cliniques.